Sécheresse au Canal de Panama : répercussions sur les acheminements maritimes
Article publié début 2024 et mis à jour le 16 octobre 2024.
Le Canal de Panama, l'une des principales routes maritimes reliant l’Asie à la côte Est des États-Unis, est touché par une sécheresse prolongée. Cette situation affecte les acheminements de marchandises par voie maritime.
Pourquoi le canal de Panama est-il crucial pour le transport maritime de fret ?
- Le Canal de Panama est une voie navigable artificielle d'environ 80 km reliant les océans Atlantique et Pacifique via l'isthme de Panama en Amérique centrale.
- Administré par l'Autorité du Canal de Panama (ACP), il facilite le transport de fret par voie maritime entre l'Europe, l'Amérique et l'Asie.
- Sa construction a permis de réduire les distances et le temps de transit. Le passage par le canal de Panama évite aux navires un long voyage autour du cap Horn, à la pointe sud de l'Amérique. Par exemple, un trajet entre New York et San Francisco via le canal représente 9 500 km, contre 22 500 km sans son utilisation.
- Les principaux utilisateurs du canal sont les États-Unis, la Chine, le Japon, et la Corée du Sud, les États-Unis représentant 72,5 % du trafic total.
- Plus de 1,2 million de navires ont emprunté le canal depuis son inauguration par les États-Unis le 15 août 1914.
- Le canal gère environ 5 % du commerce maritime mondial.
Années 2023 et 2024 : impact de la sécheresse sur le Canal de Panama
Depuis 2023, une sécheresse sévère, amplifiée par le phénomène El Niño, affecte gravement le niveau d'eau des lacs qui alimentent le canal. Contrairement au canal de Suez, le Canal de Panama dépend entièrement de l’eau douce, ce qui limite fortement le nombre de navires pouvant transiter quotidiennement.
Chaque passage de navire nécessite environ 200 millions de litres d'eau douce, prélevés principalement des lacs artificiels Gatún et Alajuela.
Du fait de la sécheresse, l'Autorité du Canal de Panama (ACP) a dû restreindre le tirant d’eau des navires ainsi que le nombre de passages autorisés, avec seulement 18 navires par jour, contre une moyenne de 39 navires avant la crise.
Exercice 2024 : un recul important
Le nombre de passages de navires dans le canal de Panama a chuté de 29% sur l'exercice 2024 qui s'étend du 1er octobre 2023 au 30 septembre 2024, par rapport à l'exercice 2023, en raison de la sécheresse.
- Selon les données fournies par l’Autorité du canal de Panama (ACP) à l’AFP, 9.944 navires ont transité par le canal de Panama au cours de l’exercice 2024, contre 14.080 navires lors de l’exercice 2023.
- 423 millions de tonnes de marchandises ont transité par le canal en 2024, soit 17% de moins que sur l'exercice 2023 (511 millions de tonnes).
- La majorité des navires ayant traversé le canal étaient des porte-conteneurs (2. 773), des chimiquiers (1. 808), des gaziers (1.561) et des vraquiers (1.278).
Conséquences logistiques et économiques
- Délais prolongés : avec la diminution du nombre de navires autorisés à passer, les retards s'accumulent, affectant les délais de livraison des marchandises.
- Capacité réduite : l'Autorité du canal de Panama a annoncé des restrictions sur la taille et le poids des navires entraînant une diminution des capacités de transit par rapport à la capacité habituelle du canal.
- Recherche d'itinéraires alternatifs : les principaux transporteurs maritimes reconfigurent leurs services via le canal de Suez. Bien que cette route alternative puisse contourner les problèmes du canal de Panama, elle entraîne également des temps de transit plus longs, une consommation de carburant plus élevée et des complexités logistiques supplémentaires.
- Impact sur les temps de transit : ces changements devraient prolonger les temps de transit vers les côtes Est et du Golfe des États-Unis de plusieurs jours.
- Augmentation des coûts opérationnels : les trajets plus longs et la consommation supplémentaire de carburant entraînent une hausse des coûts opérationnels.
- Surcharges à anticiper : certaines compagnies maritimes ont mis en place des surcharges telles que la Panama Canal Emergency Surcharge (PCES), depuis janvier 2024 afin de couvrir les coûts supplémentaires.
Trafic maritime via le canal de Panama : quand un retour à la normale est-il prévu ?
Perspectives 2025
Selon l'administrateur du canal de Panama, Ricaurte Vásquez, un retour à la normale est espéré avant février 2025, avec l'arrivée du phénomène La Niña, qui devrait apporter des précipitations plus abondantes. Lire l'article du Figaro pour en savoir plus ▸
El Niño
El Niño est un phénomène climatique caractérisé par des températures océaniques anormalement chaudes dans le Pacifique équatorial, entraînant des changements météorologiques drastiques, y compris des sécheresses et des inondations.
Ces altérations ont un effet profond sur l'agriculture, les ressources en eau et des infrastructures commerciales cruciales comme le Canal de Panama.
La Niña
La Niña est un phénomène climatique étroitement lié à l'océan Pacifique tropical, qui provoque un refroidissement des eaux, contrairement à El Niño qui entraîne un réchauffement. Ce phénomène a également des répercussions importantes sur le climat, telles que des épisodes de sécheresse ou d'humidité accrue. Pour les transporteurs maritimes, cela peut les contraindre à réduire le niveau de cargaison afin d'assurer un transport sûr des marchandises et d'éviter les aléas météorologiques.
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